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La journaliste Madeleine Riffaud montrait, à travers son livre, que la guerre du Vietnam n’a pas été seulement une guerre opposant le Sud (soutenu par les Etats-Unis) au Nord (soutenu par la Chine et l’URSS) mais aussi  et surtout une guerre civile.

Cette guerre a été longue, plus longue que les deux guerres mondiales, puisqu'elle a duré 18 ans, de 1957 à 1975.

L'intervention américaine, avérée dès le début du conflit, prendra un caractère systématique à partir de 1965.

Madeleine Riffaud sera sur place de novembre 1964 à fin janvier 1965, c'est-à-dire avant que les américains interviennent massivement.

En 1974 Philippe Devillers s'efforce, dans une préface, de « resituer » le conflit.

Pour lui cette guerre « aura probablement autant d'importance que n'en a eu pour le XVIIIè, la guerre d'indépendance américaine ».

C'est là que « s'est brisée l'Union française et qu'à commencé de se fissurer l'Empire américain ».


Clairement engagé, comme Madeleine, du coté du Peuple Vietnamien, il espère que « la défaite du militarisme et du fascisme (à la fin de la 2ème guerre mondiale) signifi(era) aussi la fin de la domination coloniale occidentale ». Après Dien Bien Phu le Vietnam est coupé en deux de part et d'autre du 17ème parallèle. Cela rappelle une autre situation, celle de la Corée ( La Guerre de Corée, paroxysme de la guerre froide; Claude Delmas ).


Le Vietnam du Sud devient vite « une sorte de terrain d'essai de la « contre-révolution ».

Pas moins que « la première île d'un archipel concentrationnaire occidental... » !

Quel est le but du Front national de Libération du Sud ? « Renverser la dictature, établir un pouvoir démocratique, national et indépendant. »

Il admet cependant que le peuple du Sud « n'aura finalement jamais pu déterminer le régime politique que librement il aurait choisi...Tant et si bien que c'est toujours les « activistes » qu'ils fussent de droite ou de gauche, qui ont décidé pour lui. » (c'est moi qui souligne)


Sur place, Madeleine Riffaud constate que « les gens du pays servent constamment de cibles, y compris les enfants, aux bombardements et aux mitraillages. »

Sa présence et celle de son collègue Burchett n'est pas du goût de l'état-major américain qui affirme que l'aviation opère au Viêt-nam « pour protéger le peuple contre le communisme et conformément à l'idéal chrétien. »

Pour les combattants de la jungle le président Hô Chi Minh, héros de la première guerre du Viet-nam, celle contre les français, reste un symbole.

Pour Madeleine Riffaud, ils ne reçoivent aucune aide extérieure, chinoise ou russe, la preuve c'est qu'ils sont « armé(s) contre l'ennemi par les armes récupérées sur l'ennemi lui-même ou fabriquées d'une manière artisanale... ».

Et ils mangent du tigre...


Elle compare joliment le travail du reporter à celui du chercheur d'or. « Il faut interroger beaucoup de gens avant d'avoir la chance de découvrir celui (celle) qui saura, en (...) racontant simplement ce qu'il a vécu, vous donner les clefs. »


A la fin des années 50, les soldats de Diem, au pouvoir depuis 1954, se déplaçaient dans les campagnes avec des guillotines portatives pour exécuter les présumés coupables « d'intention subversive ».

« Tout le Sud Viêt-nam, de 1954 à 1960, avait pris l'allure d'un gigantesque camp de concentration. » Est-ce que cette observation ne pourrait pas s'appliquer aussi au Nord ?

Les foies « vietcong » avaient leur cours au marché noir de Saigon. Leur consommation était à la mode, à la table des seigneurs sanglants !


Des « hameaux stratégiques » sont créés avec dans l'idée de « séparer le poisson de l'eau » mais le résultat c'est que ce procédé « changeait l'eau en poisson »...chaque paysan devenait un combattant sous le coup des nouvelles souffrances qui lui étaient infligées.


Les « rebelles » ne manquent pas d'imagination : à défaut d'avions ils ont installé autour des villages des essaims d'abeilles sauvages (...) dont quelques piqûres suffisent à tuer un homme.


Le 20 décembre 1960 est donc formé le Front national de Libération du Sud Viêt-nam unissant dans la résistance les patriotes des quatre classes sociales, des différentes religions, des partis, des minorités nationales...


Dans le passé, dit-elle, les premiers groupes de partisans, créés en 1944, se développèrent jusqu'à aboutir en 1954 à la puissante armée populaire capable d'être victorieuse à Dien Biên Phu.

Madeleine Riffaud oublie complètement l'aide chinoise massive.


Et pas seulement l'aide, des soldats chinois sont tombés dans la célèbre cuvette.

Pour être honnête il convient de rappeler que les Etats-Unis aidaient tout aussi massivement la France, ainsi tout l'équipement militaire, jusqu'aux uniformes, était fourni par l'oncle Sam.


Le FNL dispose d'un émetteur radio qui a donné lieu à une guerre des ondes, Saigon organisant des émissions pirates reprenant l'indicatif de Radio-Libération.


Au sein du FNL le Parti populaire révolutionnaire (Parti communiste) édite son propre journal.


Cependant que l'ennemi jette sur le riz mûr des tonnes de bombes et de phosphore.


Les résistants, outre l'armée de libération et les guérillas locales, dispose aussi de « l'armée aux chignons », composée uniquement de volontaires civils qui mènent des combats pacifiques.

Manifestant en signe de protestation par exemple après les bombardements.


Dans cette guerre les couples sont le plus souvent séparés, les enfants loin de leurs parents.


Le 31 octobre 1964 le FNL lance une attaque victorieuse sur l'aéroport de Bien Hoa, détruisant au sol des B57 et des Skyraiders. Ce fut « la plus grande bataille contre avions avec une unité sans avions, sans camions venue à pied, armée de mortiers récupérés sur l'ennemi ».


Le 24 décembre 1964 le « Brink », où les américains ont pris leurs quartiers, explose : des dizaines d'officiers américains, de pilotes de bombardiers sont volatilisés.


A partir de 1964 des raids aériens de terreur prennent pour cible des écoles.


Puis vient le temps où ce sont les américains qui sabotent pont et routes, de peur qu'ils servent aux déplacements de l'armée de Libération.


Un soir Burchett et Madeleine enregistrent, après un bombardement, un Gibbon qui pleure la perte de sa femme et de son enfant, tués par les bombes.

De quoi apporter de l'eau au moulin d'Yves Christens ! ( L'animal est-il une personne ? ). 


En décembre 64, au cours de la bataille de Binh Gia, 2000 soldats de saigon et 28 américains sont mis hors de combat, 26 hélicoptères et avions, 36 véhicules militaires dont 314 M 113, des blindés amphibies, sont détruits.


C'est à ce moment que le Pentagone prend la décision de bombarder la République démocratique du Viêt-nam.


En dehors des combats, les soldats-résistants consacrent beaucoup de temps à l'étude.

Il n'y a pas de police militaire mais "il y a critique du soldat par son unité". S'il ne reconnait pas ses torts, plus tard on revient à la charge, sous diverses formes, afin de corriger moralement le camarade."
L'autocritique, tellement pratiquée en Chine communiste, n'est pas loin. "Nous nous efforçons d'élever chaque jour le niveau de formation technique, tactique, idéologique de notre armée."

Tout annonce une nouvelle guerre de Corée mais cette fois « c'est le sang des américains qui va couler...celui des fils de paysans, d'ouvriers. Combien de temps le peuple américain va-t-il tolérer cela ? ».

Ici s'arrête le récit de Madeleine Riffaud qui quitte le Vietnam fin janvier 1965. Elle a elle-même été une résistante sous l'occupation allemande et a connu l'emprisonnement et la torture.

 

Effectivement  la question de la réaction de l'opinion publique américaine sera cruciale pour la suite des évênements.

Pour ce qui suit, je me suis fortement inspiré de l'article consacré à la guerre du Vietnam sur Wikipédia (c'est moi qui souligne).

En effet « La foi du public américain en la « lumière au bout du tunnel » est balayée en février 1968 quand l'ennemi, supposé être sur le point de s'effondrer, organise l'offensive du Têt, Giap (déjà là il me semble pendant la guerre d'Indochine) en charge des opérations viet-congs, lance la quasi-totalité de ses effectifs dans la bataille (environ 230 000 hommes).


Cette offensive, du point de vue militaire fut une défaite : sur 105 villes visées par les Viêt-Congs, aucune ne fut prise complètement. Il y eut au moins 48 000 tués du côté viêt-cong.


Le FNL ne revient à son niveau d'effectifs d'avant l'offensive que dans le courant de l'année 1972 avec le renfort d'unités régulières du nord et ne jouera plus de rôle déterminant dans le conflit.


Du point de vue politique, ce fut une victoire : les faubourgs de Saïgon et la Citadelle de Hué furent occupés par le Viêt-Cong pendant plus d'un mois.

À Hué, le Viêt-Cong massacra environ 3000 intellectuels, commerçants et personnes liées au régime sud-vietnamien. Si, au Viêt Nam, le soulèvement populaire fut en deçà des effets escomptés, le résultat psychologique fut rude pour l'administration de la RVN et le prestige américain.

L’offensive communiste a soudé la population de la RVN contre les communistes et, de 1968 à 1970, la conscription fut annulée parce qu’il y avait trop de volontaires. Plus un seul moine ne s’est immolé et aucun mouvement pacifiste ne s’est manifesté massivement. »

Après la guerre, de 1975 à 1982, 65 000 personnes furent exécutées au Viêt Nam et plus d'un million furent envoyées en « camps de rééducation » ou dans les « nouvelles zones économiques ». Leurs biens personnels (habitations, commerces, entreprises, terres...) furent confisqués pour une période plus ou moins longue. Plus d'un million de Sud-Vietnamiens fuirent le pays. Au total, trois millions de personnes quittèrent l' Indochine entre 1975 et 1997 selon le HCR.

 
Des millions de Vietnamiens sont morts des conséquences de la guerre du Viêt Nam (…); des gens sont encore aujourd'hui tués par des munitions non explosées et des mines...sans parler des effets sur l'environnement des agents chimiques, de la contamination d'une partie des sols entrainant aujourd'hui encore de graves problèmes de santé (malformations à la naissance, hypertrophie, rachitisme, cancer des poumons et de la prostate, maladies de la peau, du cerveau et des systèmes nerveux, respiratoire et circulatoire, cécité, diverses anomalies à la naissance) surtout dans les campagnes. 
 

Les estimations de pertes les plus basses, basées sur les déclarations (à présent reprises) du Nord Viêt Nam étaient autour de 1,5 million de Vietnamiens tués. Le Viêt Nam a annoncé le 3 avril 1995
qu'un total d'un million de combattants communistes vietnamiens et quatre millions de civils avaient été tués durant la guerre. La validité de ces chiffres n'a généralement pas été contestée.

Les pertes du Sud Viêt Nam sont estimées à 255 000 militaires et 430 000 civils tués, dont 80 000 en 1974, soit plus que toute autre année de guerre, alors que les forces américaines avaient été évacuées. 
 

Le bilan pour les forces armées américaine est estimé à 58 217 soldats tués et 303 635 blessés pour un total de 8 744 000 militaires ayant participé à un moment ou a un autre ce conflit. 

 

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