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http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQ5zSoUGvxoKujXo0LmxcS2vmPh-2pZtn5Qz_eD0wRVu9UMwwbi7gLe film de guerre est un genre classique du 7è art.

Au-delà d'un simple divertissement, il peut traduire une réflexion sur la situation de l'homme au combat. 

 

Les praticiens et les acteurs de la défense utilisent d'ailleurs parfois des films à des fins d'instruction et/ou de réflexion.

 

En Septembre 2003 aux Etats-Unis, par exemple, une quarantaine d'officers et d'experts civils du Pentagone ont regardé et discuté La bataille d'Alger de Gilles Pontecorvo (1965) pour s'interroger sur la conduite des opérations de contre-guérilla, le renseignement et le recours à la torture.

 

On sait que ce film, plutôt conçu à l'origine pour dénoncer les agissements de l'armée française et à ce titre longtemps censuré dans l'hexagone, mais en même temps plutôt objectif dans sa présentation des évènements (il montre par exemple des assassinats de policiers par des militants du FLN et plusieurs attentats à la bombe aux effets meurtriers), a sans doute également été vu à l'époque par des gradés de plusieurs dictatures Latino-américaines.

 

Les films examinés permettent de mieux cerner différents aspects des réalités militaires comme le combat, le commandement, les enjeux politiques des guerres, ou bien encore les identités militaires.

 

Le recours à des oeuvres de fiction peut apparaître délicat. Dès l'origine des sciences sociales, leur objectif de connaissance scientifique a été contesté par ceux qui privilégiaient une approche littéraire ou fondée sur la fiction et la création artistiques. 

 

Le réalisateur et son équipe produisent une représentation, non des données brutes qui pourraient être analysées par le chercheur. En resituant le film dans son contexte historique, les auteurs identifient et interrogent les éventuelles omissions, ainsi que les erreurs et les inexactitudes, ils mettent au jour les points controversés. 

 

A deux exceptions près, il s'agit de films récents, sortis entre 1995 et 2002. Trois films français, deux britanniques, deux américains et un israélien composent cette sélection qui comporte deux films de Pierre Schoendoerffer indiquant l'importance de ce réalisateur sur ces thèmes en France :

- La 317ème section

- Kippour

- Il faut sauver le soldat Ryan

- La Chute du faucon noir

- Warriors, l'impossible mission

- Capitaine Conan

- Land and Freedom

- Beau travail

- Le Crabe-Tambour

- Les Rois du désert

- Amen

 

A tout seigneur, tout honneur, le premier film examiné ici, par Pascal Vennesson, n'est autre que le chef-d'oeuvre de Schoendoerffer La 317ème section, un de mes films de "chevet".

 

Sous-titré "Combats et combattants dans la jungle", l'article, après un bref résumé de l'histoire et quelques précisions sur le tournage, rappelle que la 317ème section (1964) a d'abord été un roman publié en 1963. PS a réalisé en noir et blanc un film sobre, proche d'un reportage et d'un documentaire qui a eu un indéniable retentissement, au point de rester une référence en France au sein des armées et au-delà.

 

Cohésion du groupe et rapports complexes entre un jeune officier (Torrens/Jacques Perrin) et un sous-officier expérimenté (Willsdorf/Bruno Cremer) - figure classique du cinéma de guerre - sont au centre d'un film qui aborde des aspects essentiels de la vie militaire en opération et de la guerre de guérilla.

 

PS s'était embarqué à 19 ans dans la marine marchande. En 1952, il s'engage comme volontaire pour l'Indochine et devient cameramam au Service cinématographique des armées. Il filme les combats pendant trois ans. En 1954, il participe à la bataille de Dien Bien Phû. Il est emprisonné pendant 4 mois. Raoul Coutard, directeur de la photographie de La 317ème section, a également été photographe lors du conflit. PS reste au Vietnam et en Malaisie et réalise des reportages photographiques, publiés notamment dans Look, Life ou Match. Il travaille aussi pour la télévision. En 56 il co-réalise son premier film à partir d'un scénario de Joseph Kessel.

 

La section Anderson (1967) dans lequel il suit une patrouille de soldats américains au Vietnam lui vaut un Oscar.  

Avec son film le réalisateur a voulu prendre ses distances avec le film de guerre comme genre pour se concentrer sur "le cheminement vers la mort d'un groupe d'hommes, pendant lequel ils traversent un certain nombre de vallées, de déserts et de mers de larmes."

La 317ème section permet en définitive une interrogation sur les aspects politiques des guerres de décolonisation, sur la manière dont elles ont été perçues et sur les représentations sublimées des défaites.

 

Le film d'Amos Gitaï Kippour (2000) trouve son origine dans l'expérience personnelle du réalisateur et constitue un effort original pour évoquer ce que peut-être une expérience subjective de la guerre.

La guerre du Kippour a constitué une première faille dans les rapports armée-nation en Israël : "Conflit difficile et meurtrier, cette guerre voit naïtre la première contestation des responsables militaires (...) pour la première fois, Tsahal apparaît comme faillible ".

 

Comme Schoendoerffer, Gitaï a l'expérience de la guerre. Il dédie d'ailleurs son film au groupe de secouristes auquel il a appartenu.

 

Ne parvenant pas à retrouver leur unité, deux réservistes, Weintraub et Ruso, décident de rejoindre une unité de secours de l'armée de l'air qui a pour mission de chercher les blessés et récupérer en en territoire ennemi les pilotes dont l'avion a été abattu.

La désorganisation règne, la visibilité est mauvaise. Un jour leur hélicoptère est touché par un missile et doit se poser en catastrophe...

 

Le fonctionnement de leur unité implique un mouvement de va-et-vient permanent entre l'avant et l'arrière : on les voit en territoire ennemi, dans le no man's land, sur la ligne de front et à l'arrière.


La scène la plus forte du film les montre en train d'essayer d'évacuer un blessé dans la boue. A deux ou trois reprises celui-ci glisse du brancard et les secouristes s'efforcent en vain de l'y remettre, enfoncés dans la boue jusqu'aux genoux, se débarassant de leurs armes et de leur équipement pour s'alléger puis revenant en arrière pour les récupérer...

 

Cette scène, d'autant plus éprouvante qu'elle semble interminable, s'impose comme LA scène allégorique d'un film qui, loin de procurer, à l'instar de tant de films de guerre, un quelconque sentiment d'exaltation, nous plonge au contraire dans un malaise persistant qui provient à la fois de la fatigue et de la présence continue du danger qui, par une sorte d'effet de contamination, affectent aussi bien les protagonistes du film que le spectateur...


Place à un "blockbuster" avec Saving private ryan (Il faut sauver le soldat Ryan) réalisé en 1998 par Steven Speilberg. Curieusement c'est le titre original qui donne son nom à l'article alors que le suivant sera consacré au film de Ridley Scott La Chute du faucon noir (cette fois c'est le titre français qui est retenu).

 

La scène du débarquement, très réaliste, qui ouvre le film, immerge le spectateur directement dans une réalité qui offre une peinture pragmatique des horreurs de la guerre et de la violence. Les impacts physiques et psychologiques de la guerre sur les combattants, lisibles aisément grâce aux effets spéciaux, tendent à démontrer toute l'emprise de la tâche guerrière sur les hommes.

 

Le réalisateur donne un jour nouveau à ces journées décisives mais offre surtout de suivre un petit groupe de combattants au travers des lignes ennemies en Normandie. Ce groupe est mû et secoué en son sein par la teneur de la mission que lui a confiée le commandement : il s'agit de retrouver, pour le retirer du front, un soldat dont les trois frères sont morts au combat en Europe et dans le Pacifique en quelques jours.

 

Les chefs sont des personnages centraux dans les films de guerre. Dans ce film, le capitaine (joué par Tom Hanks) est très circonspect par rapport à la justification de la mission. Pourtant il conduit les opérations avec une détermination affichée même si son opinion le remue intérieurement et s'il est tantôt ironique, tantôt désarçonné par les événements.

 

Il adopte un mode de commandement plutôt "démocratique". E. Lévinas rappelle que "la liberté est possible car le commandement ne réclame pas la soumission à une force hostile. Par le commandement l'existence humaine est investie comme liberté". "Il doit y avoir une acceptation d'obéissance pour que l'autorité s'exerce" (Chantal Delsol, L'Autorité, Que sais-je ?).

 

La guerre oblige les soldats à un multi-positionnement constant. Le soldat est appelé à se prononcer sur l'intérêt de sa présence au front, sur la finalité générale et globale des combats, sur la mission que le commandement lui confie. L'originalité du film est d'interpeller le spectateur sur un enjeu et sur les conséquences de la lecture de cet enjeu, effectuée par les combattants.

 
Le succès et la réussite du film ont permis à Spielberg et Hanks de produire les mini-séries Band of brothers (adaptation d'un livre de l'historien de la seconde guerre mondiale Stephen E. Ambrose) et Pacifique, truffées d'interviews de vétérans et très appréciées par les amateurs du genre... 

 

La Chute du faucon noir relève aussi, comme la 317ème Section, de la "représentation sublimée d'une défaite". On pourrait même dire que Ridley Scott, par sa mise en scène, transforme une défaite en victoire...

 

Cependant la manière dont les scènes de combat sont filmées suscite chez le spectateur une sensation de réalisme et un sentiment d'empathie avec les soldats américains (tandis que leurs adversaires sont désignées comme des "squelettes"...).

 

De ce point de vue, le film de Spielberg comme celui de Ridley Scott, grâce aux effets spéciaux mais aussi à une manière de filmer au plus près de l'action, ont incontestablement contribué à renouveller l'esthétique du film de guerre. 

 

Depuis 1988, une guerre civile entre 14 clans déchiraient la Somalie, désorganisant les structures administratives du pays. En 1991, une sécheresse importante s'ajouta à ce conflit, entraînant une famine qui causa des centaines de milliers de morts. Le 14 août 1992, le gouvernement américain décida alors d'envoyer une aide humanitaire d'urgence par avion. Cependant, cette aide, captée pour la plupart par les clans en lutte, ne suffit pas. Les dirigeants américains décidèrent alors d'envoyer des troupes sur place. C'était ça ou l'ex-Yougoslavie. Le pari est que l'intervention en Somalie sera moins risquée et moins coûteuse. Ils déchanteront vite...

 

Le 5 juin 1993, 24 Casques bleus (les Marines avaient été relevés le 4 mai) sont tués dans une embuscade. Les militaires de l'ONU et une force de réaction rapide de 1 000 soldats américains sont alors chargés d'imposer la paix. Ambitieux programme.

 

Le 3 octobre débute une opération destinée à capturer deux des principaux lieutenants du chef de clan Habr Gidr. Chaque unité (Rangers, Delta Forces...) a un rôle particulier à jouer. Les pilotes d'hélicoptères (SOAR et CSAR) amènent les hommes sur place et apportent leur soutien.

 

Les Delta Forces prennent d'assaut le bâtiment et font prisonniers ses occupants. Une partie des Rangers se positionnent aux quatre coins du pâté de maisons, d'autres sont chargés de ramener les prisonniers à la base dans des Humvees et des camions de cinq tonnes.   

 

Cependant ce 3 octobre les évênements ne vont pas se dérouler comme prévus.

 

Le raid est devenu un combat classique en ville. Durement étrillés par les Somaliens, les américains durent engager des troupes fraîches et lourdement équipées pour s'en sortir.

 

La zone urbaine a diminué la vulnérabilité des Somaliens et augmenté celle des américains. Deux hélicopères seront touchés par des roquettes antichars et s'écraseront. 

 

18 (ou 19 selon les sources) membres de la Task Force Ranger seront tués dont 6 Delta Force (plus 1 Malaisien du convoi de secours).

 

Les Américains estiment les morts, côté Somalien, à un millier (!).  

 

Le but du film (et de l'aide apportée par l'armée américaine au tournage) est de montrer que l'opération, si elle fut bien une défaite stratégique, fut aussi une victoire tactique. 

 

Le 2 mars 1995, le dernier Casque bleu quitte le pays : L'ONU n'est pas parvenue à imposer un nouvel ordre politique en Somalie. Depuis la situation ne s'est pas vraiment améliorée.

 

Warriors, l'impossible mission, réalisé par le cinéaste britannique Peter Kominsky traite du début de l'intervention armée de la communauté internationale, à travers la Forpronu, en Bosnie-Herzégovine à l'automne 1992.

 

L'écriture du scénario s'effectue à partir d'une enquête menée pendant deux ans auprès de 95 soldats britanniques ayant participé à l'opération Grapple One.

 

C'est seulement fin 1995, avec le changement de mandat et la prise en charge du volet militaire par l'OTAN que le réalisateur obtient les autorisations nécessaires ainsi que le prêt de huit Warriors (véhicules) et la mise à disposition de soldats.

 

Cette collaboration et les conditions climatiques difficiles sont une réelle plus-value pour le réalisateur, dans le sens où les acteurs ont pu s'imprégner de la réalité et des difficultés d'un tel mandat.

 

Des images de la vie en Angleterre des quatre personnages principaux alors en permission ouvrent le film.

 

Le film nous renseigne à la fois sur le conflit bosniaque tel qu'il a pu être vécu par un "extérieur impliqué", c'est-à-dire du point de vue des Casques Bleus, comme sur les règles d'engagement et surtout les restrictions imposées pour l'exécution du mandat.

 

En premier lieu, l'impossibilité de riposter alors même que les Casques bleus ont pu être directement pris pour cible par des tireurs embusqués. En décembre 1995, les pertes militaires s'élèvent à 197 hommes. 

 

La riposte est donc interdite à des hommes préparés à combattre, les militaires ne peuvent opposer la force à la force, seulement se contenter d'assister à la mort de l'un des leurs sans autre moyen d'action.

 

Plus largement le film pose la question des pertes qu'une nation est prête à encourir au service de la paix et du rôle qu'elle confère à son armée en temps de paix.

 

Pour autant les civils sont aussi et plus encore la cible des belligérants puisqu'il s'agit d'éradiquer les populations jugées indésirables sur un territoire donné, soit en les poussant à partir (phénomène des réfugiés), soit en les éliminant, ce qu'on a appelé la purification ethnique, bien qu'il ne s'agisse à proprement parler d'ethnies. Incendies, viols, exécutions s'ajoutent, comme moyens utilisés, à l'armement traditionnel.

 

La demande de la population est donc légitimement d'être défendue, au moins protégée mais la mission d'assistance humanitaire et la passivité imposées par le mandat ne permettent pas aux militaires d'aller dans ce sens.

 

Dès le 3 juin, la Force de Réaction Rapide est mise en place par la France et la Grande-Bretagne sur le Mont Igman et l'IFOR (Implementation Force) commandée par l'OTAN remplace la Forpronu.

 

L'échec de la Forpronu a ouvert une nouvelle conception du maintien de la paix, caractérisée par la " sous-traitance ", c'est-à-dire au profit d'une gestion des conflits par des organisations régionales ou des coalitions interétatiques pour remplir les missions comportant une dimension coercitive.

 

Peu de fictions sont consacrées aux opérations de maintien de la paix et en particulier au théâtre bosniaque. L'authenticité des faits décrits, le travail de documentation ainsi que le choix d'adopter le point de vue des militaires permet d'appréhender les difficultés auxquelles ils ont été soumis pour l'exécution de cette mission.

 

Avec Capitaine Conan, sorti en salles en 1996, Bertrand Tavernier se consacre à nouveau à la Grande Guerre, après La vie et rien d'autre en 1989. Ce film est adapté du roman éponyme de Roger Vercel, récompensé par le Goncourt en 1934 et basé sur l'expérience personnelle de l'auteur sur le front d'Orient, un versant de la guerre peu abordé .

Comme le livre le film a une tonalité critique.

 

Bertrand Tavernier nous montre deux guerres concomittantes, celle des " soldats  " et celle des   " guerriers ".

 

Le lieutenant (puis capitaine) Conan et ses hommes font partie de la 2ème catégorie.

 

Le film se découpe en quatre épisodes, de septembre 1918 à l'hiver 1919-1920. Le premier permet au réalisateur de mettre en scène l'action guerrière du groupe franc à la frontière bulgare y compris lors de l'offensive générale de septembre 1918.

 

La deuxième époque commence avec un voyage en train, qui les conduit non pas en France, comme ils l'espèrent, mais à Bucarest.

 

Ensuite les hommes repartent en train pour Sofia reprendre leurs positions initiales.

 

Plus tard ils donneront le coup décisif pour repousser une intrusion bolchévique dans le delta du Danube.

 

A la fin du film, Norbert (Samuel le Bihan) rend visite à Conan dans sa Bretagne natale. Celui-ci, malade, n'en a plus pour longtemps...

 

Pendant le conflit aucun des deux n'était militaire de carrière. Un profond clivage paraît en effet exister entre " les civils en militaires " et les militaires d'active.

 

Les situations exposées dans le film permettent de s'intéresser à la psychologie du guerrier, avant et après le combat, à savoir ce que la guerre a fait d'eux.

 

Avec Land and Freedom Ken Loach revient sur la guerre civile espagnole (1936-1939). Il s'est surtout intéressé à une facette de la " révolution espagnole " : son versant politique. Plus que l'affrontement entre fascistes et antifascistes c'est la lutte fratricide qui a divisé le camp républicain qui a retenu son attention.

 

Le titre Land and Freedom reprend un slogan du mouvement anarchiste espagnol. On voit vers où va la sympathie du réalisateur.

Pour lui l'échec républicain s'explique d'abord par l'attitude de Staline qui a trahi les travailleurs espagnols et les Républicains venus du monde entier en fomentant des divisions internes.

 

Malgré son parti-pris le film présente un certain réalisme : les images du camp sonnent vrais, de même que la scène où les villageois manifestent leur haine d'une Eglise alliée à Franco. 

Il ne s'agit pas d'un film de guerre au sens classique du terme : la guerre d'Espagne y apparaît comme un conflit avant tout politique, les scènes de bataille sont peu nombreuses et la violence de la guerre est davantage évoquée que montrée.

 

Beau Travail de Claire Denis s'attache à présenter un aute regard sur la Légion étrangère, le corps militaire d'origine française le plus représenté dans le septième art.

Le scénario s'inspire librement du poème marin d'Herman Melville Billy Budd.

 

Outre Denis Lavant (adjudant-chef Galoup), Michel Subor (commandant Bruno Forestier) et Grégoire Colin (légionnaire Gilles Santain), Claire denis a attribué les rôles masculins à...des danseurs de différentes nationalités, comme à la Légion. Un ancien légionnaire d'abord conseiller technique a fini par prendre sa place dans le film. Il a prodigué des conseils afin de coller au mieux à la réalité de l'existence des légionnaires (la marche avec sa cadence particulière, les chants, le vocabulaire, les exercices, etc.). A Marseille, Galoup, souffre d'avoir quitté la Légion et se souvient de ces temps heureux, de cette vie si bien orchestrée, de ses hommes, son " cher troupeau ", des recrues qu'il formait...

 

Ce qu'il a vraiment perdu c'est son commandant qu'il n'a pas voulu " partager " avec Santain.

 

Comme Ken Loach, Claire Denis a du tourner, à Djibouti, avec un budget limité. Elle a vécu en Afrique et ellle y a aussi réalisé un autre beau film Chocolat.

 

Elle explique que " le point de vue qui est porté sur les hommes est celui d'une femme djiboutienne, donc un peu cocasse ".

 

Le spectateur assiste à la vie quotidienne, en temps de paix, dans un corps d'élite qui devait aller vers le dépassement du corps.

 

L'équipe s'est sentie plus proche des autochtones que des militaires, qui leur rendaient bien.

 

On soupçonnait en effet Claire Denis de préparer un film qui donnerait une mauvaise image de la légion.

 

Au final, loin des traitements habituels, elle offre une image de légionnaires sentinelles, comme oubliés.

 

La poésie et l'esthétisme qui se dégagent du film accentuent indiscutablement le plaisir du spectateur.

 

Claire Denis filme un exil et les corps comme rarement on l'a vu au cinéma.

 

Deuxième film de cette sélection réalisé par Pierre Schoendoerffer, le Crabe-Tambour, sorti en salle en décembre 1977, n'est pas véritablement un film de guerre.

Son action principale se situe en temps de paix, dans les années 70, sur un bâtiment de la Marine nationale effectuant une mission de service public au large de Terre-neuve.

Le film repose essentiellement sur l'opposition, à travers le temps, de deux officiers qui lors des événements d'Algérie ont pris des chemins différents, l'un restant fidèle au gouvernement (Jean Rochefort), l'autre participant au putsch des généraux (Jacques Perrin, surnommé le " Crabe-tambour)).

 

Certains épisodes ramènent donc à lieux et des périodes de conflits, l'Indochine et l'Algérie.

 

Le médecin du bord (Claude Rich) et le commandant se rappellent ce personnage excentrique qui portait toujours un chat noir sur l'épaule. Ces évocations prennent la forme de flash-back.

 

Le pacha, rongé par un cancer du poumon, espère une ultime rencontre avec le " Crabe-Tambour " devenu capitaine d'un des chalutiers que le Jauréguiberry doit épauler.

 

Ces souvenirs permettent de revenir sur les principaux épisodes conflictuels que l'armée française a connus au cours des tente années précédent le film. Cette mémoire des guerres coloniales est aussi celle du réalisateur. Elle lui permet de créer des figures crédibles de combattants et de " soldats perdus ". Il a vécu ces conflits.

 

Le " crabe-tambour " a existé, il s'appellait Pierre Guillaume et était Lieutenant de vaisseau.

 

Les Rois du désert (2000) s'inscrit, d'après son réalisateur David O. Russell, dans la lignée de films tel que MASH de Robert Altman

Mars 1991, la première guerre du golfe est terminée. Les soldats américains célèbrent leur victoire. Pourtant un sentiment de frustration plane sur le camp. Pourquoi ne partent-ils pas immédiatement puisque la guerre est finie. Ni les uns ni les autres n'ont vu un Irakien , ni menés de combat (voir sur ce thème le très beau Jarhead de Sam Mendès). 

C'est dans ce contexte que quatre GI découvrent un plan dévoilant l'emplacement de l'or volé par Saddam Hussein au Koweït.

 

Embarqués dans un long périple, ces quatre anti-héros (emmenés par George Clooney) découvrent l'Irak d'après guerre, notamment les conflits d'une population déchirée entre communauté ethniques. Progressivement amenés à remettre en cause leur engagement militaire ainsi que le rôle de leur pays, les Etats-Unis, pays qu'ls concevaient comme le bienfaiteur de l'humanité et dont ils estimaient être les représentants légitimes, ils finissent par douter d'eux-mêmes, et de leurs choix.

 

D.Russel porte en outre un regard sévère sur le rôle qu'on les médias dans la falsification du conflit.

Il remet en cause l'intervention idéale des Etats-Unis comme " libératrice ", ainsi que les notions de " guerre propre " et d' "assistance à la population civile ".

 

Amen, de Costa Gavras, permet d'aborder le problème complexe des logiques d'obéissance des exécutants de l'Etat, et en particulier des militaires, à travers le cas de la mise en oeuvre de la Shoah.

 

L'officier SS Kurt Gerstein, ingénieur dont la foi catholique est très pregnante, est spécialisé dans des missions d'épurations des eaux pour les troupes allemandes. Il est affecté malgré lui par sa hiérarchie aurpsè du programme d'extermination massive des Juifs du Troisième Reich. Il est cependant choqué par l'horreur de la réalité qu'il découvre dans les camps de concentration. Tout en obéissant aux ordres qui lui sont donnés afin de ne pas s'attirer des problèmes, il tente alors vainement de leur opposer une résistance discrète et passive. Dans le même temps il décide d'alerter le Vatican sur les crimes nazis. Mais face à l'indifférence des autorités religieuses, un jeune jésuite tente de lui apporter une aide...

 

Ce compte-rendu, trop axé sur les films, ne rend pas justice au travail sur les films effectué sous la direction de Pascal Vennesson. C'est-à-dire " mieux cerner différents aspects des réalités militaires comme le combat, le commandement, les enjeux politiques des guerres, ou bien encore les identités militaires " au travers des films examinés.

 

Ceux que le sujet intéressent n'auront donc pas d'autre choix que de lire le livre, édité chez L'harmattan...

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