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Bravo.jpegSur le terrain, l'odeur des vêtements et des corps propres trouble souvent les animaux sauvages, et risque, de ce fait, de compromettre la position occupée ; c'est pourquoi on cesse de se laver quelques jours avant de partir en mission, en veillant à porter des vêtements ayant déjà servi...

 

Cinquante ans après la création du SAS par David Sterling, Andy McNab et ses hommes reviennent presque au point de départ, à Ryad, près de la frontière Irakienne.

Des scuds tombent sur Tel-Aviv, il y a des blessés. Les huit hommes du commando dirigé par McNab doivent être parachutés au nord de l'Irak,  derrière les lignes ennemies, juste avant le déclenchement de l'opération Tempête du désert.

Leur objectif : localiser et détruire le cable de fibre optique reliant Bagdad aux sites de lancement des missiles Scud.

 

En juillet 1977, Andy avait été affecté au 2è bataillon des Greens Jackets, alors basé à Gibraltar. Pour lui c'est exactement ce que représente l'armée : du soleil, des potes, des femmes exotiques et des maladies vénériennes plus exotiques encore...

 

Puis c'est l'Irlande nord...A 19 ans il devient le plus jeune caporal de l'armée. Il sera chef de section. Mais ce qu'il veut vraiment c'est intégrer le SAS. Recalé une première fois, et après de pénibles épreuves de sélection, il reçoit le célèbre béret couleur sable orné du glaive ailé.

 

Quand Andy réclame des images satellites de la zone où il vont opérer, on lui répond qu'il n'y a que des cartes de navigation au 1/500 000è...

 

La perpective d'être confronté à des agents chimiques, déjà utilisés contre l'Iran et même à l'intérieur des frontières de l'Irak, doit être envisagée. Et bien sûr ils redoutent d'être capturés. Les Irakiens n'ont signé ni la Convention de Genève ni celle de La Haye.

Leur couverture au cas où ils seraient pris sera de dire qu'ils font partie d'une mission de secours.

 

Il leur faudra utiliser des armes équipées de silencieux  Un homme tombe toujours si l'on sait loger une balle dans le T que forment sur son corps, deux lignes imaginaires qui vont d'une tempe à l'autre et de la base du nez à celle du sternum...

 

Lorsqu'on prépare une mission il faut répéter plusieurs scénarios  mais il ne faut pas négliger les détails, encore les détails, toujours les détails. On risque de pousser une porte que l'on devrait tirer. Un détail mineur peut cacher un risque majeur.

 

Les gars s'envoient des vannes. C'est bon signe. C'est quand ils cessent de s'en envoyer et se font des gentillesses qu'il faut s'inquiéter.

 

L'eau et les balles, telles sont les éternelles préoccupations en mission. Tout autre matériel semble secondaire, et les éléments de confort personnel occupent la dernière position...

 

Charmant détail, chacun garde son petit sac de matières fécales. Il faut tout emporter car elles pourraient être découvertes et analysées...

 

Une des étapes de la préparation est appelée " prévoir et parler ". A ce stade chacun quel que soit son grade, a le droit d'exprimer ses idées, de critiquer celles des autres, de les réduire à néant. C'est une sorte de parlement chinois...

 

Leur échelle de charge va jusqu'à 100 kilos mais pour cette mission chacun transportera au total 104,5 kilos.

 

Lorsque des vagues de B 52, en route pour l'Irak, les survolent, puissance aérienne énorme, émouvante, dominant les cieux,  ils comprennent que la guerre du Golfe ne concernent pas qu'eux mais que c'est un événement majeur.

 

En plus de détruire le cable souterrain, s'ils pouvaient aussi trouver et détruire des Scud, ce  serait un plus...

 

Pendant un premier vol avorté en hélicoptère, leurs matelas de mousse disparaissent. Ils décident alors d'aller se servir à Little America, du côté opposé de la base. Il y a de tout : fours à micro-ondes, machines à donuts, vidéos 24 heures sur 24. Les Yankees font la guerre en grand... Les huit hommes du commando n'ont qu'à se servir.

 

Ils font la cuisine en brûlant un bloc d'hexamine. Grâce au World Service (BBC) ils sont au courant de ce qui se passe. Pas grâce aux crétins qui les entourent...

 

C'est un hélicoptère Chinook qui est chargé de les emmener sur zone, bien au delà de la frontière. Andy McNab se demande soudain si sa vie aurait été différente si il avait continué l'école et obtenu son diplôme de fin d'études secondaires. Peut-être se serait-il trouvé dans le cockpit...

 

Soudain un signal retentit. Un missile sol-air Rolland les a sûrement détecté par ondes, déclenchant les alertes. Le pilote lance successivement l'appareil dans toutes les directions et les soutiers lancent des leurres.

 

Une demi-heure plus tard, le pilote annonce qu'ils se poseront dans deux minutes. A 21 heures l'hélicoptère redécolle et ils se retrouvent seuls.

 

A 20 ou 30 kilomètres à l'est et au nord-est, des bombardements sont en cours et ils entendent des explosions assourdies.

Alors qu'ils croient qu'un hélicoptère ennemi s'approche, ils se rendent compte qu'il assistent en fait au lancement d'un Scud.

 

En patrouille, on a chaud. Lorsqu'on s'arrête, on a froid. Assis, on s'aperçoit que le froid prend possession du dos, des aisselles et, bientôt, du visage.

Il faut plonger dans le sommeil dès que l'on a l'occasion, parce que l'on ne sait pas quand celle-ci se présentera à nouveau.

 

Pendant qu'une partie du groupe reste à proximité de la courbe de l'itinéraire de ravitaillement, les autres partent à la recherche d'un endroit convenant à l'installation du camp de base. 

 

Plus tard lorsqu'ils veulent émettre, leur émetteur reste muet. Il va falloir qu'ils retournent au lieu de largage et prennent rendez-vous avec un hélico afin d'échanger leur radio...

 

En patrouillant de nuit dans la zone, ils se rendent compte qu'elle est tout sauf déserte : au nord et au sud de leur position, ils ont repéré des exploitations agricoles, un peu plus loin des civils, et une batterie de S60 au nord-ouest du camp de base.

Du point de vue tactique, leur camp pourrait aussi bien se trouver au beau milieu de Picadilly Circus !

 

Pis, ils s'aperçoivent au matin qu'une autre batterie de S60 s'est installée à 300 m à peine de leur position. Et leur radio ne fonctionne toujours pas...

 

Pas le choix : il va falloir qu'ils demandent à se faire déposer ailleurs. Mais les choses s'aggravent quand un petit berger surgit en haut du talus qui leur fait face : le seul endroit d'où on peut les voir dans ce lieu clos, une caverne dissimulée sous une berge.

Le gamin s'enfuit.

 

Plus tard, ils entendent le grondement d'un engin à chenilles qui se révèle être...un bulldozer ! Apparemment, il se trouve là par hasard. Lorsqu'il s'en va, ils décident de partir vers l'ouest, à cause des batteries de S60, puis vers le sud jusqu'au point de rendez-vous avec l'hélico.

 

Ils entendent à nouveau des véhicules à chenilles. " Whoof ! ". Legs (ou Vince) a tiré une 66 sur un transport de troupes blindé qui sort d'une petite dépression. Puis il en tire une autre.

 

Un deuxième blindé armé d'une mitrailleuse ouvre le feu sur eux.

 

Quand les balles fusent, on est plaqué au sol. avec l'envie furieuse d'un creuser un trou. La partie rationnelle du cerveau, en revanche, indique ce qu'il faut faire : se redresser et regarder ce qui se passe. Pour eux, la seule solution consiste à avancer.

Mais c'est totalement contraire à la nature humaine, ce n'est pas ce que vous dit de faire votre chair vulnérable.

 

A mesure qu'ils approchent, en procédant par bonds et en se couvrant les uns les autres, les Irakiens paniquent. Finalement ils investissent la position et les Irakiens qui peuvent le faire décampent.

 

Ensuite, des renforts Irakiens étant arrivés, cela s'inverse : ils décrochent; tirant comme des déments. Tir et déplacement, tir et déplacement. Mark et Dinger sont également pris sous le feu des S60. Ils lancent des grenades au phosphore et un gros nuage de fumée blanc sale grandit autour d'eux. Heureusement le jour baisse de plus en plus.

 

Ils parviennent à s'échapper mais, mauvaise surprise, lorsqu'Andy cherche à contacter un AWACS avec son TACBE, celui-ci ne fonctionne pas.

Leur seule issue consiste à gagner la Syrie.

Après avoir parcouru 25 kiliomètres de nouveaux problèmes surgissent : Vince boite et Stan, dangeureusement déshydraté, est au bout du rouleau. 

 

Lorsqu'ils repartent, après qu'Andy ait une fois de plus tenter de prendre contact avec des chasseurs qui les survolent, il se rend compte que Chris, Stan et Vince ont continué à avancer. Le commando est maintenant divisé.

 

A la nuit ils se cachent sur une éminence, à l'abri d'un muret d'une trentaine de centimètres de haut. Le froid est glacial et, après dix minutes de pluie, celle-ci se transforme en...neige fondue ! Et ils doivent rester là, sans bouger, toute la journée.

 

Plus tard ils apprendront que la région n'a pas connu de telles conditions climatiques depuis trente ans. Une heure avant la tombée de la nuit, ils s'en vont, non sans laisser une fausse piste en prenant la direction de l'est, puis en décrivant une boucle qui leur permet de prendre en fait le chemin du nord-ouest.

 

Arrivés à moins d'un kilomètre de leur position, ils se rendent compte que celle-ci a été découverte : des véhicules entourent leur cachette et des soldats fouillent à l'intérieur.

 

Les conditions météo ne s'améliorant pas, ils sont obligés de prendre plein nord, de façon à se diriger vers l'Euphrate et à passer de 300 à 150 mètres d'altitude et donc sous la limite de la neige.

 

Alors qu'ils progressent dans le lit d'une rivière, les silhouettes de deux hommes armés sur une hauteur se découpent sur le ciel. Puis ils descendent et se rapprochent du groupe jusqu'à une vingtaine de mètres avant de bifurquer et de s'éloigner en direction d'une exploitation agricole. Ouf !

 

Ensuite ils tombent deux fois de suite sur des troupes et des tentes qu'ils sont à chaque fois obligés de contourner. 

Lorsqu'ils s'arrêtent, ils n'ont parcouru que dix kilomètres.

 

Vers 15h30 ils sont à nouveau repérés, cette fois par un vieux berger. Il n'est pas du tout effrayé et leur donne même un peu de lait et des dattes minuscules et malodorantes. Après s'être demandé s'il faut le tuer, ils le laissent partir. Il est presque 16h et la nuit va bientôt tomber.

 

Ils décident de voler un véhicule dès qu'il fera noir. Finalement ils braquent...un taxi new-yorkais des années cinquante !

Ils roulent un certain temps mais ce qui devait arriver arrive : ils sont confrontés à un barrage. Un soldat parcourt la file de voitures du côté gauche tandis que deux autres un peu plus loin la descendent du côté droit. 

 

Lorsque le soldat se penche à la portière, ils n'ont pas d'autre choix que de le descendre et d'abandonner le véhicule en toute hâte. 

 

Après quelques échanges de tirs, ils parviennent à s'échapper mais ils n'ont bientôt pas d'aute possibilité que de longer une autre route et de se mettre à couvert dès qu'une voiture passe. La frontière n'est qu'à treize kilomètres....du gâteau !

 

Mais ils sont bientôt repérés. Trois ou quatre véhicules stoppent, des gars en sautent et se mettent à tirer. Ils sprintent sur 400 mètres, traversant de petits groupes de maison, et arrivent bientôt sur une crête. De là ils découvrent les lumières d'Abou Kamal et de Krabilah, deux agglomérations à cheval sur la frontière.

 

Alors qu'ils descendent, ils sont pris à partie par une batterie antiaérienne et doivent rebrousser chemin. Arrivés au bord du fleuve, ils constatent que celui-ci est en crue et qu'il n'est pas question de traverser à la nage.

 

Ils se dirigent vers l'ouest avec le projet de traverser la frontière dans la nuit...

 

Mais ils tombent rapidement sur une installation énorme - tentes, bâtiments, véhicules, antennes radio...et ils sont repérés..très vite des  coups de feu retentissent de tous côtés.

 

Ils sont à nouveau séparés. Alors qu'il ne reste que deux heures de nuit, Mark et Andy sont obligés de traverser un convoi à l'arrêt. Repérés, ils doivent tirer dans le tas jusqu'à épuisement des munitions. Puis ils abandonnent leurs armes et filent. Alors qu'ils se trouvent dans une dépression qui sert de décharge, deux AK ouvrent le feu sur eux. Mark tombe. Andy s'enfuit. La frontière est toute proche.

 

Il a survécu aux contacts et se sent optimiste. Mais l'aube approche, il est temps de trouver une cachette. Il repère un petit pont et remarque une plaque de métal qui enjambe le fossé dans lequel il se trouve.

Il s'y cache mais vers huit heures du matin, un bruit de sabots de chèvres se fait entendre. Jusqu'à présent ces animaux ne leur ont pas porté chance. Le troupeau s'éloigne et le berger avec. 

 

Dans la journée, la chance tourne : il est fait prisonnier. C'est un choc : il a l'impression d'avoir été cambriolé ou attaqué dans la rue. Il n'arrive pas à croire que cela lui arrive et il lui semble qu'on le dépouille de quelque chose qui lui appartient.

 

Il se fait violemment tabassé. Son visage enfle, ses lèvres sont fendues en plusieurs endroits, c'est une poupée de chiffon, un sac de merde... Son esprit refuse d'accepter la situation pour se réfugier dans une sorte de rêverie, comme si toutes ces choses ne lui arrivaient pas vraiment. 

 

Il est remis à des soldats portant des tenues de camouflage...britanniques. Ils appartiennent à un corps de commandos d'élite qui a combattu sous les ordres de Montgomery pendant la seconde guerre mondiale. Mais ce sont bien des soldats irakiens et, pour eux, Andy n'est un soldat britannique mais israélien...

 

C'est une toute autre aventure qui commence. Il retrouve Dinger qui a été pris vivant lui aussi.

 

Malgré les coups, les privations et les souffrances, il faut s'en tenir au scénario : ils ne font pas partie des Forces spéciales mais d'une équipe de recherche et de secours, chargée de ramener des pilotes abattus...mais il ne faut pas brûler trop vite ses vaisseaux : le temps n'est pas encore venu de parler de cette couverture...d'abord, subir un certain temps l'interrogatoire tactique et seulement ensuite parler de la fausse mission.

On prend des notes, ce qui constitue un indice plutôt encourageant : il ne s'agit pas d'une frénésie de violence sans but avant de le descendre.

 

Quand il était môme, Andy pouvait ouvrir les grandes eaux à volonté, mettre ses tantes de son côté et obtenir un paquet de chips....Bien qu'il estime mériter un oscar pour son jeu d'acteur (renforcé par les souffrances bien réelles qu'il endure), il ne parvient pas à émouvoir ses tortionnaires.

Il n'arrive pas à les convaincre qu'il n'est pas israélien. D'un autre côté cette histoire d'israélien a du bon : s'ils restent là-dessus, ils n'aborderont peut-être pas les autres questions...

 

Plus tard, après avoir "déballé" son histoire, il a l'impression d'avoir réussi à convaincre ses interrogateurs : Ils connaissent déjà son grade (sergent) mais il leur raconte qu'il est infirmier, qu'on l'a réquisitionné dans un hôpital (militaire) et mis dans un groupe de recherche et de secours.

 

" J'eus l'étrange impression d'être bien installé et en sécurité, comme dans un jardin clos, en un autre siècle." Ce sentiment fugace Andy le ressent alors même qu'il pense que sa dernière heure est peut-être arrivée. Il faut dire que pour la première fois depuis longtemps, il est dehors, "sous un petit arbre fruitier où chante un oiseau". Le ciel est clair et beau. Tout est relativement calme et agréable et il a réussi à faire légèrement descendre son bandeau.

 

Il se souvient que dans Breker Morant, film sur la guerre des Boers, sur le chemin de leur exécution, les protagonistes se prennent par la main. Il aimerait bien pouvoir toucher ou parler à Dinger qui est tout près. Mais la pause est de courte durée.

 

Des soldats arrivent, leur donnent des coups de pied et de poing, leur crachent dessus et urinent sur eux, tout en dénonçant Mitterrand et Bush.

 

....Lorsqu'il parvient enfin à échanger un sourire avec Dinger, qui se trouve dans un autre véhicule, c'est le meilleur moment de la journée... 

 

Dans la ville, la puanteur est insupportable. Les odeurs de cuisine, de braise froide et d'urine se mêlent à celles du chou pourri et des vapeurs de gazole. On les exhibe et la populace peut à loisir les gifler, les griffer, leur donner des coups de poing...

 

On les emmène ailleurs. Cette fois ils sont confrontés à des hommes en costume, ce qui inquiète Andy. Il se souvient de récits horribles liés à la guerre Iran-Irak. Des histoires d'électrodes et de crochets de boucher suspendus au plafond...   

 

Les choses se compliquent pour eux parce que la coalition bombarde le pays et que ces bombardements font, leur dit-on, beaucoup de victimes civiles...

 

Mitterand est un porc. Bush est un porc. Thatcher est une truie...Les Américains et les Européens prennent notre pétrole....Vous nous imposez votre culture et vous détruisez tout sur votre passage...

 

Quand on saigne, c'est en fait chaud, presque agréable. Puis le sang se coagule, devient visqueux, ce qui est pénible.

 

Bientôt, pourtant, Andy obtient une faveur : " Le riz était brûlant, de même que le bol de délicieuses tomates rôties et les deux chapatis." Il a aussi droit à de l'eau fraîche dans un verre propre. Mais c'est un déjeuner de "chimpanzé', tandis que devant lui un colonel pèle une orange avec une élégance étudiée, dans une assiette en porcelaine et avec un couteau et une fourchette en argenterie. La Belle et la Bête pour ainsi dire.

 

Pendant les interrogatoires, Andy ment comme il respire. C'est un jeu dont l'entraînement commence dès l'enfance. On apprend à mentir à sa mère, à l'instituteur, et à pleurer sur commande.   

 

On peut briser tous les os d'un prisonnier, mais on ne peut briser sa volonté s'il résiste.

 

Un bref instant, Andy peut communiquer avec Dinger. Mark est mort. Legs est sans doute mort. Ils ne savent pas ce que Bob et devenu.

 

Puis, semble-t-il, on les emmène à Bagdad. Ils s'enfoncent dans le "système". Plus question de songer à s'évader .  

On case Andy dans les chiottes. L'odeur de merde est insupportable.

 

A son réveil, il ne sait pas si c'est le jour ou la nuit. Son horloge interne l'a laissé tomber. Andy McNab évoque à plusieurs reprises Houdini. Mais ses trucs, comme de bander ses muscles pendant qu'on se fait ligoter, ne marchent pas toujours.

 

Ils repartent. Quel que soit votre Dieu, vous allez avoir bientôt besoin de lui. Mourir ne le gêne pas mais il a peur d' être découpé en morceaux..." Et voilà, en avant pour le découpage. Les parties pour commencer, et puis les oreilles, les doigts et les orteils, le tout très lentement." Mais son moi optimiste ne veut pas rendre les armes : "Non; ils ne feront pas cela, ils se rendent sûrement compte qu'ils vont perdre la guerre et ils ne veulent pas d'un nouveau Nuremberg. "

 

L'impression qui domine c'est tout de même que ce calvaire ne s'arrêtera jamais. Il n'a plus d'espoir. Il lui semble qu'il ne pourra jamais se sentir plus découragé et seul, plus abandonné, plus hébété.

 

...Les vendeurs recourent à une technique pour amener le client à dire qu'il a envie d'acheter le produit. Il s'agit de la "pause créative". Victor Kiam en a exposé le fonctionnement dans l'un de ses livres. Quand il vantait les mérites d'un produit, il s'interrompait, et si le client potentiel croyait devoir relancer la conversation pendant ce silence, Kiam savait qu'il avait réussi une vente. Le gogo avait l'impression qu'il était obligé d'agir, c'est-à-dire d'acheter...

"Si tu me grattes le dos, je te gratterai moi aussi le dos". Expression britannique...

 

Il fallait que M Chic Type reste chargé de l'interrogatoire. Il était poli, cordial, doux, calme, conciliant. Andy n'est pas du tout pressé de faire connaissance avec les méthodes de M Sale Type.

 

Deux gardiens entrèrent. Le premier nous donna une cruche d'eau. Le deuxième apportait deux bols fumants. Une couverture, de l'eau, de la soupe : on se crut carrément au Ritz. 

 

Andy se souvient de la conférence d'un aviateur américain. En six ans de détention, les Viêt-côngs avaient cassé, un par un tous les os de son corps. Comparativement il avait presque droit à une aimable cure de soins : un déluge de coups de poing et de pied. Un tube qui faisait incroyablement mal sur les reins et le dos. Stan et Dinger dégustent eux aussi.

 

Une nuit, pendant un quart d'heure, Andy rencontre Dieu. L'être suprême se trouve dans le coin supérieur droit de sa cellule et il bavarde avec lui.

 

"Ils nous torturaient depuis cinq jours".

 

Changement de tactique : Ils savaient qu'il commandait. A présent, la vie ou la mort des autres dépendaient de lui parce qu'ils n'obtenaient rien d'eux. Trois d'entre eux étaient effectivement détenus. Deux autres se trouvaient à l'hôpital. 

 

Dès lors McNab estime que la meilleure solution consiste à donner aux Irakiens des infomations qui les satisfassent, ce qui sauverait tout le monde. Ils tenaient depuis assez longtemps. On les avait capturés huit jours plus tôt. Il fallait qu'ils pensent à eux-mêmes maintenant. Ils avaient fait leur boulot.

 

Néanmoins, pas question de parler du régiment et des forces spéciales. Il fallait trouver une explication plausible à leur présence près de l'itinéraire de ravitaillement (et près du cable optique ?).

 

Andy raconte qu'il appartient à un peloton d'observation rapproché, chargé de recueillir des informations. Tous les bataillons d'infanterie en ont un...Ils devaient compter les véhicules militaires passant dans les deux sens et transmettre l'information.

 

On lui enlève son bandeau et ses menottes. L'officier en unifome vert olive impeccablement repassé resemble à Richard Prior. D'autres boivent du thé dans des petits verres dans leur costume ordinaire, moche et mal ajusté.

Andy désigne sur une carte l'endroit où on les a déposé.  

 

Apparemment ses mensonges sont crus. On les transfère dans une prison militaire. Andy, Stan et Dinger sont enfermés dans la même cellule. Avec Chris (celui qui s'est échappé) et Vince, Stan faisait partie du groupe parti en avant.  

 

Vince était alors mal en point. Comme il se doit, ils seront eux aussi repérés par un berger et ses chèvres. Le berger leur indique que plus loin, il y a une cabane et un véhicule. Stan s'y rend avec l'idée de s'en emparer et de revenir les chercher.

Mais dans la cabane il y a six ou sept soldats. Après des échanges de tirs, il est pris. Il ne sait donc pas ce qui est arrivé à Chris et à Vince.

 

Le directeur de la prison oblige Andy à répondre à des questions devant une caméra après un brin de toilette. Il se frotte continuellement l'oeil avec l'index et s'efforce de paraître somnolent et incohérent. Stan et Dinger y ont droit eux aussi.

 

Ils espèrent que les vidéos seront transmises aux médias afin que leurs familles sachent qu'il sont vivants.

 

Dans la prison il y a aussi 2 américains, David et Russel, un pilote de la Marine abattu au dessus du Koweït par un missile Sam.

 

Deux nouveaux prisonniers américains fournissent des informations : Bush venait d'annoncer que les Alliés iraient jusqu'à Bagdad si tous les prisonniers n'étaient pas libérés.

 

La porte de la cellule s'ouvre : "Stan, Dinger vous rentrez chez vous". Pas Andy...

 

Mais son tour ne tarde pas à venir. A l'hôtel Nova, où il n'y a ni chauffage, ni eau chaude, ni ascenseurs il est remis à la Croix-Rouge. Il apprend que depuis le début il n'était que trois. Legs était probablement mort dès le moment où Dinger l'avait perdu.

 

Un responsable de la Croix-Rouge confirme le septicisme d'Andy : les Irakiens pourraient très bien attaquer l'hôtel pour prendre des otages et pouvoir marchander avec les alliés. Mais il est aussi prévu des échanges de prisonniers.

 

Andy n'est pas encore tiré d'affaire. En attendant, au rez-de-chaussée quelqu'un veut le voir : c'est Mark. Il a donc survécu mais pour lui aussi ça n'a pas vraiment été des vacances. Pendant tout le temps qu'il passa en prison, il fut menotté, nu, sur un lit ; on le laissa carrément pourrir.

Deux types venaient le chercher pour qu'il aille se soulager. Il les surnommait Santé et Hygiène parce qu'ils étaient vieux et crasseux.

 

Tout membre du régiment est tenu d'éviter que son visage n'apparaisse dans la presse. C'est donc en ambulance que Mark, mal en point, et Andy rejoignent l'aéroport.

Destination Riyad puis la base d'Akrotiri à Chypre. Ils passent ensuite plusieurs jours à l'hôpital, où Andy peut appeler Jilly, sa petite-amie, se bourrer la gueule avec les autres devant des vidéos propres à leur changer les idées tels que Terminator ou Les griffes de la nuit, tout en passant radios et examens...  

 

Andy s'en sort avec une hépatite, une épaule disloquée, des muscles décollés dans le dos, du tissu cicatriciel sur les reins, des brûlures sur les cuisses et des déficiences dans la mobilité des mains sans parler de l'état de ses dents...

Mais surtout, il est pressé de regagner le Royaume-Uni.

 

Une fois rentré, il a droit à deux jours de congés, un luxe. Le lundi, il se promène en ville avec Jilly, flottant dans ses vêtements. Le mardi Katie, sa fille, lui rend visite. Ensemble ils regardent Robin des Bois en vidéo.

 

Le régiment veut savoir ce qui c'est passé et pourquoi. Il faut tirer les leçons. Le débriefing dure à peu près trois semaines.

Il faut aussi rendre visite aux veuves et aux familles.

 

Ils vont aussi, pour la première fois, parler devant tout le régiment. Chacun raconte son histoire et indique quelles leçons il en tire. Andy qualifie le récit de Chris Ryan d'extraordinaire.  

Lui aussi manque de se faire repérer par un berger, son âne, ses chiens et ses chèvres...

 

Plus mort que vif, il parvient à franchir la frontière après avoir parcouru plus de 300 kilomètres à pied en huit nuits. Pendant ce temps il n'a rien mangé, à l'exception de 2 petits paquets de biscuits et il n'a pratiquement pas bu. Il a perdu énormément de poids.

 

Les rapports des services de renseignement leur apprennent qui'ls ont laissé 250 tués ou blessés irakiens dans leur sillage...

 

Il y a des choses qu'Andy McNab n'oubliera jamais : le tintement des clés, le claquement du verrou, les vibrations de la tôle, sa haine des zoos, l'odeur de porc de la chair grillée.  

 

Le livre se termine sur cette phrase : " En ce qui concerne les gens qui m'ont interrogé, si j'en rencontrais un dans la rue demain et croyais pouvoir m'en tirer, je le descendrais. "


" La guerre du Golfe, ses absurdités, ses abjections, ses actes de courage. Un récit autobiographique devenu un best-seller." Claude Mesplède.

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