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Voir, observer et penser. Tel était le credo de ce photographe allemand, mort en 1964, dont on peut voir une sélection de photographies, 2, impasse Lebouis 75014 Paris, M° Gaité, à deux pas de la gare Montparnasse. Entrée 6 € (gratuit en nocturne le mercredi 18h30-20h30).

Les premières oeuvres datent du début du 20ème siècle, les dernières des années 50.
La guerre constitue une sorte de trou noir. Aucun cliché de cette période.
On peut juste voir dans l'exposition une image de 1940 mais elle n'a rien à voir avec la guerre.
Boucle du Rhin.

Sans vraiment connaître August Sander, on peut néanmoins volontiers le voir comme un humaniste, un pacifiste et on peut imaginer que la guerre a été pour lui une sorte de négation de ce en quoi il croyait.

Sur Internet on trouve tout de même un cliché représentant un soldat allemand aux yeux clairs, en uniforme, avec un sourire à la Joconde, qui nous regarde droit dans les yeux.

August Sander, partie prenante de la Nouvelle Objectivité, un mouve-
ment artistique né en réaction à l'Expressionnisme, photographie ce soldat comme il photographie un manoeuvre, une expression de fierté sur le visage, un lourd chargement de briques sur les épaules et la main droite sur la hanche, sans doute son cliché le plus connu.



Mais son travail ne saurait être réduit à cette seule typologie humaine. Il propose également des Etudes Botaniques, des Etudes de Mains et surtout des paysages.

Il fait alors oeuvre de géographe, montrant l'empreinte de l'homme sur la nature en choisissant le meilleur point de vue, de manière à montrer une vue globale. Le soin apporté au cadre et à la définition de l'image font de ces paysages des images uniques (voir
en haut à gauche). 
   

La marque de fabrique du photographe ce sont ses portraits frontaux, un peu figés, d'ouvriers, d'artistes de cirques,  de pasteurs, d'instituteurs, de jeunes filles, d'enfants, de vieux paysans, de compositeurs...de sa femme !


A y regarder de près, même si une majorité d'entre eux sont des portraits en pied (le cliché montre le sujet des pieds à la tête ), il propose aussi parfois des bustes ou des "genoux".

Ses portraits en pied peuvent également laisser une large place à l'arrière plan ou n'en proposer aucun (comme dans le cas du manoeuvre).

Devant ce portrait d'un bourgeois (sa profession était légendée dans l'expo mais je ne m'en souviens pas) on s'interroge : comme se fait-il que la rue soit déserte ? Il faut savoir qu'AS utilise un matériel déjà désuet à l'époque (le Leica sort en 1925) : il travaille avec une chambre qui nécessite des temps de pose assez long, 2 à 4 secondes. Ce qui contribue sans doute à la "raideur" de certains sujets.
                                                                                                                                      Mais il sait s'adapter à son sujet et photographie la secrétaire de la radio Berlin de manière radicalement différente. Assise, sa posture accentue l'étroitesse de ses épaules, elle est coiffée à la garçonne, à Berlin comme ailleurs ce sont "les années folles", elle tient une cigarette.
L'image n'a pas le format rectangulaire habituel, elle est beaucoup plus haute que large.     

Dans une époque sans tabous, AS photographie des Bohèmes (titre du cliché) qui semblent bien plus que des amis.

Là encore il adapte son cadre à son sujet. Il renonce à sa frontalité habituelle et propose un format qui parait calculé à partir du nombre d'or...

La photographie suivante, intitulée Zheng, achève de le classer définitivement dans les modernes.  
Qui sont ces deux jeunes hommes, d'origine asiatique et qui ne semblent pas vraiment juste faire trempette avec leurs visages salis ou tuméfiés ?

Et là ? Sommes nous en Sicile ? Les portraits de groupe ne manquent pas dans l'oeuvre d'August Sander. Nous sommes à nouveau en présence d'un portrait en pied mais les trois hommes semblent avoir été interrompus dans leur promenade. En fait ce sont des paysans allemands endimanchés.

Là aussi AS renonce à la photographie en pied, en montrant, en vue plongeante, une jeune femme, en costume traditionnel (?) regardant un album de photographie ? 

On pourrait se croire chez un peintre flamand.

L'image suivante rapproche AS de la photographie sociale américaine ( 70'. Le choc de la photographie américaine ). La perfection formelle de l'image ne nuit pas à son contenu.

Allez voir l'exposition August sander !
     
Tag(s) : #Expos
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